Historique

La communauté congolaise en Grande-Bretagne : Histoire, spiritualité et rayonnement

I. Les racines historiques (1960-2007)

La présence congolaise en Grande-Bretagne s’est affirmée dès les années 1960, avec comme point de ralliement initial le quartier de Tollington-Islington où résidait la veuve de Patrice Lumumba. Cette implantation précoce a constitué le terreau d’une communauté qui allait croître au rythme des crises successives en RDC, poussant de nombreux compatriotes à chercher refuge en Europe.

Dans les années 1990, Notre-Dame de France à Leicester Square devient le lieu de rassemblement des Congolais catholiques. C’est dans ce contexte que naît en 1992 l’association SOCOA (Solidarity and Community for Action), sous l’impulsion du Père Émile Nkumu. Cette structure pionnière pose les premiers jalons d’une organisation communautaire qui atteindra sa maturité avec la création officielle de l’aumônerie en 2007.

II. L’âge d’or spirituel (2007-2017)

L’installation canonique de l’aumônerie le 15 juillet 2007 sous la conduite de l’Abbé Noël Mpati, nommé par la Conférence Épicopale Nationale du Congo et accepté par le Diocèse de Westminster, marque le début d’une décennie exceptionnelle. La communauté se donne alors pour devise “Un seul cœur, une seule âme” (Ac 4,32), “Motema moko, molimo moko”, “One heart, one soul” – comme symbole de son unité dans la diversité.

Cette période voit s’épanouir plusieurs caractéristiques uniques :

  1. La vie sacramentelle intense :

  • La messe dominicale en rite zaïrois devient le pivot de la vie communautaire

  • Un renouveau notable des sacrements de réconciliation et de mariage

  • Des célébrations baptismales fréquentes et festives

  1. Les pratiques de piété :

  • Adoration hebdomadaire du Saint-Sacrement

  • Pèlerinages annuels à Walsingham et autres lieux saints

  • Chemin de croix réguliers pendant le Carême

  1. L’organisation pastorale :

  • Mise en place de commissions spécialisées (liturgie, catéchèse, Communications sociales, Mabota, Finances et Patrimoine, Protocole et Fêtes, Safeguarding, Caritas, Justice et Paix, Jeunes)

  • Création de deux Communautés Ecclésiales Vivantes de Base (CEVB)

  • Adoption de thèmes pastoraux annuels mobilisateurs

III. Le dynamisme des mouvements

La jeunesse constitue le fer de lance de cette vitalité ecclésiale. Deux mouvements phares se distinguent :

  1. Bilenge Ya Mwinda (Jeunes de la Lumière) :

  • Groupe de jeunes adultes engagés

  1. Kizito-Anuarite :

  • Mouvement pour adolescents

  • Formation chrétienne approfondie

  • Préparation aux sacrements

IV. La transmission du témoin (2017)

L’arrivée en 2017 de l’Abbé Julien Matondo Mboko, formé aux grands séminaires de Ngidi et Mayidi, assure la continuité de cette œuvre. Fort d’une expérience professorale en RDC, le nouvel aumônier apporte sa propre sensibilité pastorale tout en s’inscrivant dans la lignée de son prédécesseur.

V. Une identité féconde

Aujourd’hui, l’aumônerie se présente comme :

  • Un lieu de ressourcement spirituel authentique

  • Un espace de conservation et de renouveau des traditions congolaises

  • Un pont entre la culture congolaise et la société britannique

  • Un modèle reconnu d’intégration ecclésiale

Cette communauté, née des turbulences de l’histoire, a su transformer l’épreuve de l’exil en une chance de renouveau spirituel. Son parcours témoigne de la fécondité d’une foi vécue dans l’ouverture et la fidélité à ses racines.

Conclusion

De la première messe en français des années 1990 aux célébrations multilingues d’aujourd’hui, la communauté congolaise de Londres a tracé un chemin remarquable. Plus qu’une simple aumônerie, elle est devenue une véritable “famille de familles” où se vit au quotidien la richesse de la catholicité dans sa dimension universelle et inculturée. Son histoire continue de s’écrire, portée par cette conviction que ses différences constituent sa plus grande force.